Nos séries daujourdhui sont de plus en plus violentes. Souvent, le Bien et le Mal sentremêlent et nos chers héros ne sont plus si innocents. Oui, le temps de La petite maison dans la prairie, cest fini. Tant mieux ! On explore enfin le côté obscur de la force. Plus que ça, les méchants sont même en train de prendre le pouvoir, à limage de séries comme Dexter ou The Shield. On pourrait d'ailleurs longtemps discuter du caractère amoral (ou pas) de ces séries. Mais sans aller jusque là et en restant sur les grands classiques, Les experts, Nip/Tuck, 24 ou encore Prison Break, on remarque que les séries sont plus violentes que jamais, les dialogues de plus en plus incisifs. Peut-être aussi plus proches de la réalité ? En fait, je pense que ce constat qui vaut pour les séries sinscrit dans un phénomène plus global. Le cinéma aussi est de plus violent. Peut-être est-ce simplement la réponse au fait que la société dans laquelle nous vivons est elle-même plus violente ? Mais le cas des séries est quand même très différent. Et il faut certainement comprendre aussi que lon sait faire aujourdhui des séries pour adultes. Si bien quil nest pas rare (il est même plutôt fréquent dailleurs) de voir des meurtres, du sexe, du sang ou des injures. Alors, est-ce que cette violence est nécessaire pour faire une bonne série ? Certainement pas. Mais... Dans le cas de Prison Break par exemple, je crois que la violence simpose delle-même, parce que faire une série qui se déroule dans une prison sans aucune violence, ça na beaucoup d'intérêt. Tout comme faire une série dont laction se situerait dans un hôpital et qui ne comporterait pas dhémoglobine naurait aucun sens. On sait bien que le quotidien des détenus aux USA, tout comme en France dailleurs, est un enfer et baigne dans la violence. Jimagine que Prison Break doit certainement être très loin de la réalité et sa sur jumelle, Oz, est beaucoup plus "brute de décoffrage". Alors, fort heureusement, on ne nous montre pas un univers carcéral édulcoré qui serait tout droit sorti du monde des Bisounours. Et dailleurs, dans le cas de Prison Break, jai de plus en plus limpression que les meurtres ne servent plus quà assurer le spectacle, faute de rebondissement plus intéressant. En fait pour résumer, je crois que la violence ne doit pas être un moyen d'assurer de laudimat. Le côté sensationnel peut être gênant mais, en même temps, la violence apporte assurément du piment aux scénarios. Mais si violence il y a, se pose la question de lheure de diffusion des séries (et au passage, de leur censure). Prison Break a été l'année dernière lobjet dune polémique en France. Le CSA avait demandé à M6 dinterdire les épisodes au moins de 12 ans et de diffuser la série après 22h en raison « de nombreuses scènes de violence dans un contexte carcéral perturbant pour de jeunes enfants ». Une autre polémique, cette fois-ci aux USA, concernait la série 24 dans laquelle Jack Bauer a fréquemment recours à la torture pour arracher des informations à des terroristes, avec des techniques toujours plus "sympathiques" telles que des balles dans le genou ou autre électrocution. Je crois que ce qui a choqué ici est surtout le fait que se soit le héros qui utilise la torture, une torture que la série semble légitimer par des enjeux de vérité, de justice et de sécurité nationale. Car depuis le 11 septembre 2001, ce genre de scène est de plus en plus présente à la télévision. De 2002 à 2005, un organisme américain a répertorié 624 scènes de torture aux heures de grande écoute, alors qu'on en comptait 102 entre 1996 et 2001. Ces scènes ont quadruplé en quatre ans. Cette tendance inquiète les défenseurs des droits de l'Homme. Certains militaires qui procèdent à des interrogatoires auprès des prisonniers disent s'inspirer de scènes qu'ils ont vues à la télévision. Ces scènes ont une influence sur le traitement des prisonniers détenus par les Américains en Irak ou à Cuba par exemple. D'autres militaires, conscients du problème, ont rencontré les auteurs de 24 et de Lost pour les convaincre d'adoucir leurs scénarios et de montrer les tortures de manière plus réaliste et surtout d'en montrer les conséquences. En gros, il s'agit de montrer que c'est un processus lourd et dont les résultats ne sont pas fiables. |