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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 17:22

 

L'histoire:

Surgi de nulle part, le phénomène frappe sans discernement. Il n'y a aucun signe avant-coureur. En quelques minutes, des dizaines, des centaines de gens meurent dans des circonstances étranges, terrifiantes, totalement incompréhensibles. Qu'est-ce qui provoque ce bouleversement radical et soudain du comportement humain ? Est-ce une nouvelle forme d'attaque terroriste, une expérience qui a mal tourné, une arme toxique diabolique, un virus qui a échappé à tout contrôle ?
Pour Elliot Moore, professeur de sciences, ce qui compte est avant tout d'échapper à ce phénomène aussi mystérieux que mortel. Avec sa femme, Alma, ils fuient en compagnie d'un ami, professeur de mathématiques, et de sa fille de huit ans. Mais très vite, il devient évident que personne n'est plus en sécurité nulle part.
Pour avoir une mince chance de survivre, Elliot et les siens doivent à tout prix comprendre la véritable nature du phénomène, et découvrir ce qui a déchaîné cette force qui menace l'avenir même de l'espèce humaine...

Ma note pour ce film:  2,5/ 4.

A une époque où nous sommes bombardés d’images chocs à tel point que nous en sommes presque blasés, Shyamalan redonne aux images une certaine valeur. Au mot « peur », mon dictionnaire donne la définition suivante: « sentiment de forte inquiétude, d’alarme en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace ». Dans Saw, on perd de vue ce qu'est réellement la peur, comme si on ne pouvait rien ressentir à partir du moment où le sang ne gicle pas et où les personnages ne se font pas étriper. Les images ne provoquent plus la peur mais plutôt du dégoût, car le danger, le risque est devenu certitude. On assiste ainsi à une sorte de surenchère malsaine de violence gratuite. Shyamalan fait tout l’inverse, il revient aux fondamentaux, à la peur réelle, basique, primaire même. Il avance à contre-courant. A une époque où le cynisme est de rigueur, il croit encore en l’amour. Son œuvre fait preuve d’un certain lyrisme et elle est donc parfois pathétique.

Le nouveau Shyamalan est-il réellement l’infâme navet annoncé ? Peut-être bien mais en réalité, j’ai du mal à comprendre ce que l’on reproche au réalisateur de Sixième Sens et Incassable. Là où d’autres se seraient servis du sujet pour livrer un message écolo empli de bons sentiments hypocrites, Shyamalan sait rester intègre, il prend des risques et fait une nouvelle fois le choix du respect du public. Alors qu’il aurait pu faire quelque chose de beaucoup plus facile (et rentable), il nous livre un film simple et sincère. Il réussit à chaque fois à mettre en scène avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence des spectacles subtils: Shyamalan est un réalisateur au service de ses films. Dès lors, on ne peut qu’apprécier la sincérité de sa démarche ainsi que sa propension à nous transmettre sa passion pour des histoires qui, d’une part, ont un sens et qu’il sait d’autre part raconter à la perfection. Le Jour d’Après ou Je suis une légende relèvent d'avantage d’un jeu de séduction des spectateurs à grand renfort d’effets spéciaux et scènes apocalyptiques et pourtant Phénomènes s'avère être bien plus angoissant. D’ailleurs, l'idée de départ est ici absolument fascinante, c’est ce qu’il en fait qui l’est certainement moins. Car si dans Phénomènes la nature se rebelle et se révèle redoutable en ennemie insaisissable, l’effet recherché par le réalisateur n’est pas toujours atteint. Il est, pour le coup, assez maladroit. On le sent par exemple embarrassé par l’histoire d’amour qu’il a lui-même créée entre les deux personnages principaux et dont on a par ailleurs des difficultés à saisir l’intérêt.

Au final, la sauce ne prend pas, on ne ressent pas toujours la panique des personnages et certains des effets employés par le réalisateur finissent par tomber à l’eau. C’est sans doute qu’avec Phénomènes, Shyamalan s’éloigne de trop de ce qui fait habituellement la force de ses films. Pour commencer, le film ne comporte pas de twist final, ce qui n’est nullement gênant. Ensuite, la peur et la tension résident habituellement dans ses films moins dans des images chocs que dans des situations. Or, elle est ici beaucoup plus explicite puisque la scène du double meurtre des enfants vient contredire cette règle. La violence n'est plus seulement suggérée. Mais le plus gênant reste certainement l’existence de séquences purement explicatives alors que le réalisateur a pour habitude de procéder par sous-entendus. Il choisit sur ce point la facilité avec des scènes telles que la réunion des professeurs ou encore celle de l’émission de télévision par le biais de laquelle un scientifique tente d'expliquer le « phénomène ». Ces scènes constituent autant de coupures dans la continuité du récit et dans la tension qui devrait y régner. Une nouvelle fois, le film est trop explicite et nous mâche le travail. Pour finir, la menace est mal présentée et elle est d’autant plus difficile à saisir qu’elle semble n’obéir à aucune logique. Cette absence de règle est très déroutante même si elle ajoute dans le même temps à la tension de l’histoire en donnant l’illusion que tout peut basculer à tout moment.

Finalement, à l’image de son affiche, Phénomènes est la plupart du temps insipide. Mais il reste pourtant de très bonnes choses dans ce film bancal. On retrouve tout le génie de Shyamalan et la puissance de ses idées dans la scène du chantier par exemple qui est excellente. L’ensemble du passage se déroulant chez la vieille ermite est flippant et le dénouement est également très bon. La « maison test » est un symbole fort de l’homme contournant les lois de la nature en cherchant à s’enfermer dans un monde artificiel. Dès lors, il convient de se demander si Phénomènes est un navet avec deux bonnes idées qui se courent après ou alors un bon film qui n'échappe pas à quelques erreurs de parcours. Je choisis la deuxième option : subtil mais inégal.



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commentaires

B
*** Comme je l’ai dit, j’aime la démarche de Shyamalan. Pour moi, il fait partie de ces gens qui sont passionnés ET passionnants. Bien sûr, « Phénomènes » présente de graves défauts qui plombent le film, à commencer par un scénario trop creux. Il serait idiot de ne pas le reconnaître. Mais je considère qu’il s’agit des défauts de ses qualités, car Shyamalan a des qualités qu’il faut lui reconnaître. Ainsi, malgré des défauts gênants, le film n’est pas complètement indigne d’intérêt, il y a même de nombreuses idées.
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M
Bien sûr, Phénomènes n'est pas un navet. Mais le film pêche par des lacunes récurrentes ou des procédés lourds et, soyons honnêtes, un emballage global tout a fait consensuel. Plus lisse qu'à l'accoutumée, Shyamalan s'est un peu perdu dans ses "phénomènes"...
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