1. Parasite de Bong Joon-ho (Corée du Sud)
Un film aux allures de conte qui raconte avec beaucoup de subtilité sur les rêves d’ascension sociale d’une famille pauvre. Loin de s’inscrire dans un registre unique, Parasite les transcende tous en étant tout à la fois une satire sociale, un thriller, un film d’épouvante et un drame. Sans jamais verser dans les stéréotypes, le film illustre avec beaucoup de mordant la fracture sociale. Instantanément culte.
2. L’heure de la sortie de Sébastien Marnier (France)
Un thriller français audacieux qui porte à l’écran une génération désabusée par la crise environnementale. En épousant le regard incrédule que porte un professeur de collège sur ses élèves, le film illustre parfaitement le choc des générations et parvient à en tirer une atmosphère aussi mystérieuse qu’inquiétante.
3. Green Book : sur les routes du sud de Peter Farrelly (Etats-Unis)
Un road-trip sur l’amitié et la différence. La réalisation est classique mais le film est rythmé et fonctionne bien, en grande partie grâce à ses interprètes.
4. El Reino de Rodrigo Sorogoyen (Espagne)
Un thriller qui porte un regard acerbe sur le monde politique en évoquant la fuite en avant d’un homme politique accusé de corruption et prêt à tout pour sauver sa place.
5. Les Misérables de Ladj Ly (France)
Un état des lieux alarmant sur la situation des banlieues en France. Le film évite les clichés en illustrant à la fois la difficulté du travail de la police et la difficulté de la vie quotidienne des quartiers.

6. Le chant du loup de Antonin Baudry (France)
Un film d’action très réussi qui suit l’équipage d’un sous-marin et en particulier son jeune spécialiste des sonars. Comme il s’agit d’un film Français, il est garanti sans patriotisme exacerbé et avec de très bons acteurs (et Omar Sy).
7. Le traître de Marco Bellochio (Italie)
Un film sur la mafia oui, mais relativement différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Le film évoque l'histoire vraie de la fin de règne d’un parrain de la mafia.
8. Une intime conviction de Antoine Raimbault (France)
Un film de procès qui évoque l’affaire Viguier (dans laquelle le principal suspect que tout semblait accuser de meurtre est finalement acquitté). Le film propose une vraie réflexion sur la difficulté de rendre la justice et le besoin d’une justice équilibrée qui doit résister à la pression de l’opinion publique.
9. Border de Ali Abbasi (Suède)
Une expérience sensorielle totale qui évoque la difficulté de trouver sa place dans la société à travers une histoire d’amour originale entre deux personnages que tout rapproche mais que tout oppose.
10. J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (France)
Un film d’animation qui évoque le destin avec beaucoup de poésie et de mélancolie.

11. La Belle Epoque de Nicolas Bedos (France)
Une comédie touchante sur un sexagénaire qui reprend goût à la vie en revivant le souvenir de sa rencontre avec sa femme. On retrouve la plume précise et efficace de Nicolas Bedos.
12. Mon inconnue de Hugo Gélin (France)
Une comédie romantique pétillante avec une dose de fantastique. Et avec François Civil.
13. La Mule de Clint Eastwood (Etats-Unis)
Un film assez classique mais néanmoins efficace qui raconte l'histoire d'un vieil homme qui, ayant besoin d’argent, prend part à un trafic de drogue. C'est surtout l'occasion de revoir Clint Eastwood à l'écran.
14. Une vie cachée de Terrence Malick (Etats-Unis)
L’histoire vraie d’un fermier allemand qui refusa de jurer fidélité à Hitler pendant la 2nde guerre mondiale. Comme toujours avec Malick les images sont magnifiques et se regardent comme des tableaux de maitre.
15. Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino (Etats-Unis)
Un film de cinéphile qui réécrit le jour où Sharon Tate a croisé la route de la Manson Family. Le film est d’une maîtrise technique absolue et Leonardo diCaprio y est véritablement impressionnant.

En résumé, je dirais que cette année encore, le cinéma donne à réfléchir et dépeint avec force les enjeux de notre époque : fracture sociale, crise environnementale, lutte des minorités pour légalité des droits et contre les discriminations, corruption des dirigeants… Une fois encore, on retiendra des films remarquables en provenance du monde entier et dans tous les registres. 2019 a également été une très bonne année pour le cinéma Français qui a su proposer des films audacieux. En revanche, d’autres films très attendus se sont révélés décevants.
FLOP 5
- The Irishman de Martin Scorsese
On pourrait présenter ce film comme une version décousue et sans panache du Traitre puisqu'il évoque également la lente agonie de parrains de la mafia. On est certes à l’opposé de films de super-héros que le réalisateur a récemment conchié mais où sont les émotions? Quel est le propos? Scorsese semble avoir dépensé 160 millions de dollars pour nous infliger 3h30 de film et tout cela pour nous faire part de sa grande découverte: à la fin de leurs vies, les parrains de la mafia meurent comme tout le monde.
- Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis
Si la technique est impeccable, le scenario est en revanche particulièrement malaisant car d’une rare niaiserie. Si elle n'était pas sans le moindre intérêt, cette adaptation aurait pu être une bonne idée. On est bien loin de Retour vers le futur.
- Joker de Todd Phillips
Si le succès de ce film était prévisible, il n’en reste pas moins une version vulgaire de Parasite, sans nuance et pétrie de manichéisme à l’envers. Le futur méchant est absolument gentil tandis que la société, qui est habituellement victime, est ici absolument mauvaise. Parasite restera, Joker sera vite oublié. Ca tombe bien, il y a dans ce film des relents de populisme qui sont certes à l'image de notre époque mais qui interrogent sur le propos nauséabond du film.
- Hors normes de Olivier Nakache et Eric Toledano
Les réalisateurs, qui éprouvent visiblement des difficultés à rebondir après le succès de Intouchables, font le choix de l'émotion facile avec une histoire d’une grande prévisibilité et des personnages caricaturaux.
- Synonymes de Nadav Lapid
Un scénario complétement what the fuck et des personnages tous plus têtes à claques les uns que les autres pour la pire séance de cette année.